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Modellenland

Interview Candice Duthe (France) Winner of the Month


Que pouvez-vous nous dire sur vous?

Si je devais me définir en un mot on peut dire que je suis une fille tout ce qu'il y a de plus naturelle, aussi bien intérieurement que physiquement. Je suis un peu l'antithèse du "sophistiqué". J'ai toujours profondément aimé la nature et depuis toute petite je suis bouleversée par le manque d'attention de l'être humain à son égard. Comment n'a-t-il pas encore compris que nous étions un TOUT ? J'espère que nous allons rapidement nous éveiller et prendre conscience de l'urgence de la situation écologique. Si seulement nous pouvions réaliser que chaque action individuelle, aussi petite soit-elle, déclenche, sous l'impulsion, une réaction en chaîne. Il est plus que temps d'agir!

Sinon pour en revenir à notre sujet, j'ai toujours été attirée par tout ce qui a attrait à l'Art, tous domaines confondus.

C'est pourquoi je me suis dirigée vers des études en lettres modernes et en art plastique dans lesquelles je me suis épanouie durant 5 années, à la fin desquelles j'ai décroché un Master 2 en lettres modernes.

Si vous pouviez changer quelque de vous , qu'est-ce que cela serait ?

Absolument rien, non pas que je sois parfaite, bien au contraire. Je pense intimement que nous sommes sur cette terre pour apprendre à nous aimer profondément tels que nous sommes et parallèlement régler les déviances qui nous freinent pour accéder au bonheur et à l'épanouissement personnel. C'est notre challenge. A nous d'y arriver...dans cette vie ou une autre.

Comment avez-vous commencé à être modèle?

Totalement par hasard lors d'une photo souvenir improvisée dans un grand centre commercial du sud de la France. A la fin du shooting le photographe nous conseilla, à moi et mes parents, de démarcher une agence de mannequin pour enfants nommé Patricia Starke. À l'époque je ne savais très franchement pas ce qu'était un mannequin. J'avais 10 ans. nJ'ai alors travaillé pour de nombreux catalogues de l'époque pendant près de 3 années consécutives. Puis rapidement Elite Milan est venue me démarcher à l'agence. A 14 ans j'ai dû alors choisir entre le mannequinat et les études. Mes parents, que je remercie encore aujourd'hui pour leur largesse d'esprit, m'ont laissée prendre ma décision seule. L'enjeu était trop grand pour mon avenir. D'un côté une grande agence, mondialement connue, et de l'autre des études qui pouvaient m'apporter plus de stabilité dans le futur. Je décida d'écouter mon intuition, comme souvent, et fis le choix de prendre la voie de l'école.

4 ans plus tard, en plein baccalauréat, je fus accostée à nouveau par Élite Milan, dans une grande surface, la même où le photographe de l'époque m'avait repérée. Je déclina à nouveau leur proposition. Puis 3 ans passèrent, et c'est au tour d'Elite Paris de me tendre sa carte de visite au détour d'une rue.

Je n'étais alors toujours pas prête pour retenter l'aventure, l'esprit plongé dans mes études supérieures.

Très sincèrement je ne sais pas quelle aurait été ma vie si j'avais accepté une de ces propositions, peut-être en aurais-je tiré plus de reconnaissance et de notoriété ou tout simplement plus d'argent ? Mais très sincèrement, aussi paradoxal que cela puisse être pour un mannequin, je ne cours pas après la célébrité, même si bien sûr je suis flattée lorsqu'un photographe ou deux que j'estime beaucoup, me chuchotent l'autre jour à l'oreille que les clichés réalisés ensemble restent encore aujourd'hui leurs préférés, ou lorsque je suis sélectionnée sur des centaines d'autres femmes pour incarner une marque que j'affectionne particulièrement...qui ne le serait pas ?

Je suis assez perfectionniste et m'investis à 100% pour atteindre un résultat optimal dont je puisse être fière.

Mais cette course vers la reconnaissance d'un public toujours plus grand, toujours plus large, m'indiffère je pense.

Il faut croire que ce métier m'a choisi pour d'autres raisons...

Et je l'aime tellement cette vie, savamment ponctuée de moments calmes et paisibles, bien entourée, et de périodes électriques où je pars sur les routes pour réaliser toutes sortes de projets divers et variés que j'ai la chance d'accepter, de lancer ou de refuser selon mon bon vouloir : La liberté artistique.

Quelles sont vos qualités personnelles qui vous distinguent des autres?

Je crois avoir une grande empathie au contact des gens qui me sont plus ou moins proches. Je peux ressentir en effet si telle ou telle personne se sent oppressée, triste ou au contraire heureuse. C'est sans doute pour cette raison que j'aime aider les gens qui me sont chers, même si aujourd'hui j'ai compris qu'il fallait avant tout écouter mes propres limites et parallèlement me protéger afin de parvenir à les guider avec plus d'aisance. Je pense aussi être quelqu'un de bienveillant ; je suis sereine lorsque je sens mon entourage en paix.

Quelles sont vos meilleurs expériences jusqu'à présent?

Il y en a tellement, entre le court-métrage réalisé par Karl Lagerfeld, en passant par la campagne Letanneur, Degrisogono ou Dolce & Gabanna sans oublier cette pub pour Renault, où j'ai fait la connaissance d'une équipe extraordinaire. C'est toujours un grand plaisir pour moi de travailler avec des amis ou de faire de belles rencontres, tout aussi important que le travail pour lequel je suis appelée.

Que pensez-vous de votre travail en tant que modèle?

Je pense sincèrement que le travail de mannequin est parfois dénigré.

Pourtant selon moi le mannequin, pour la réussite d'une photo, est aussi important que le photographe. C'est un échange créatif, un mélange d'univers et d'idées qui fusionnent pour créer un seul et même cliché. A la différence près que le message est vécu et exprimé par le corps du modèle tout entier, alors que chez le photographe, il doit être intellectualisé, en passant par tout un processus technique à connaître et maîtriser.

Voilà ce qui me plaît dans la photo; la beauté artistique du résultat, davantage finalement, que ma plastique.

Au contraire j'adore jouer avec des expressions différentes, quitte à changer parfois radicalement de visages, pour basculer vers d'autres mondes, à l'image d'un acteur.

Comment voyez-vous la beauté ?

Pour moi la beauté a différents niveaux.

Malheureusement en ces temps où Instagram s'est érigé comme référent du moment, il tend à ne nous montrer qu'un seul et même aspect de la beauté, souvent empreinte de sexualité, ce qui a l'intérêt, sommes toutes, d'attirer un plus large public. Cependant la beauté, selon moi, ne se résume pas à un joli corps dénudé, ceci n'en n'est qu'un aspect.

Mais plus encore, pour moi la véritable beauté est celle qui est détachée de toute complaisance, la brute, la sauvage, celle qui fait vibrer la corde des émotions directement liée au cœur, celle qui nous fige pendant un instant comme un coup de foudre.

Quels sont vos projets pour l'avenir?

Malgré les deux mois de confinement, je dois dire que je suis plutôt sereine. J'attends que les frontières se réouvrent progressivement que les activités se réveillent doucement. Certains de mes contrats ont été annulés et d'autres reportés.

En d'autres termes je patiente.

Sinon je travaille en parallèle sur des projets musicaux de type électro, j'ai déjà réalisé quelques morceaux avec mon associé sous le nom de LØV (@lov_music_off)

La musique est une branche qui m'a toujours faite vibrer, dès mon plus jeune âge je rêvais d'être chanteuse, ce qui n'enchantait pas forcément mes parents.

Je suis attirée par tellement de domaines artistiques qu'il me faudrait, je crois, plusieurs vies pour tous les réaliser.

Parallèlement à cela je ressens de plus en plus l'envie de m'investir dans quelque chose d'encore plus fort, plus authentique, une autre aventure, qui pourquoi pas me fera glisser doucement vers d'autres horizons. Je pense que le moment se présentera à moi lorsque je serai prête.

Avez-vous un conseil à donner aux personnes qui aimeraient commencer dans ce milieu?

Je leur dirai de se dépêcher, car ce travail-passion a tendance à se vulgariser de plus en plus et risque bientôt de ne plus ressembler à la représentation que l'imaginaire collectif peut s'en faire. De plus, en France le statut de mannequin n'est pas assez défendu, laissé en marge de la société, à l'inverse de son cousin, l'intermittent du spectacle. Il serait temps de rectifier ce décalage à mon sens totalement injustifié.

Néanmoins, si tu sens profondément que ce milieu t'appelle, écoute ton instinct et n'hésite pas une seule seconde. Il vaut toujours mieux dans la vie avoir des remords plutôt que des regrets, telle est ma devise, et lorsque l'on y croit, toutes les portes s'ouvrent :)

Que pensez-vous du magazine "Modellenland "?

Pour l'avoir parcouru à l'occasion de cet interview, ce magazine semble regrouper un large choix de photos de tous horizons. Il met en lumière différents styles, son hétéroclisme ne peut qu'apporter une certaine fraîcheur en ces temps plutôt formatés.

Et je suis très flattée d'avoir été choisie pour m'exprimer en qualité de mannequin, de voir accorder une place à ma profession me ravie et je vous en remercie.

Facebook, website, instagram: Candice Duthe / WWW.CANDICE-D.BOOK.FR / @Candice Duthe

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